Le pinceau et le temps
par Jacques Verdiel

Peindre, à l’évidence, c’est d’abord et toujours cet art, vrai, presque fruste de faire courir le pinceau comme un archet en jouissant des fluidités de l’encre et de la véhémence des couleurs. Il faut à Ya-Ling Chiang un format d’affiche afin que son geste s’épuise au bout de sa songerie; il le lui faut parce
que la modernité aime qu’on ose proclamer ses visions et qu’on les partage.

Cette artiste a le goût des odeurs de l’encre; elle se souvient des calligraphes qui, penchés au dessus de la feuille, le pinceau bien vertical, se contiennent puis se libèrent dans un geste à la fois résolu et aléatoire. Elle pratique au plus haut point l’adoration de la lumière, la religion du paysage (montagne et eau) dont les formes, longtemps contemplées se métamorphosent en éclairs, en songes, en pensées.

Regardez. Du pur lyrisme.


Jacques Verdiel



Fer en fusion,
Des îles ? des rives hirsutes…
Regarde et n’en sois pas brûlé.
Ce jour-là l’encre avait une odeur chaleureuse.