Peindre, à l’évidence, c’est d’abord et toujours cet art, vrai, presque fruste
de faire courir le pinceau comme un archet en jouissant des fluidités de l’encre et de la véhémence
des couleurs. Il faut à Ya-Ling Chiang un format d’affiche afin que son geste s’épuise au bout de
sa songerie; il le lui faut parce
que la modernité aime qu’on ose proclamer ses visions et qu’on les partage.
Cette artiste a le goût des odeurs de l’encre; elle se souvient des calligraphes
qui, penchés au dessus de la feuille, le pinceau bien vertical, se contiennent puis se libèrent dans
un geste à la fois résolu et aléatoire. Elle pratique au plus haut point l’adoration de la
lumière, la religion du paysage (montagne et eau) dont les formes, longtemps contemplées se métamorphosent
en éclairs, en songes, en pensées.
Regardez. Du pur lyrisme.
Jacques Verdiel